Saumon d’élevage : une industrie dévastatrice

Le saumon atlantique (sauvage) est inscrit sur la liste rouge de l’UICN : depuis décembre 2023, son statut est passé de “préoccupation mineure” à “quasi-menacé”.
Les causes du déclin sont multiples : la surpêche en mer, la dégradation des habitats d’eau douce et la construction de nombreux obstacles à la migration, les effets du réchauffement climatique, ...
Les activités d’élevage sont également identifiées comme une des menaces parmi les plus importantes pesant sur les populations sauvages (pollution marine, diffusion de maladies, et évasions de saumons d’élevage entraînant des croisements “génétiques” perturbant la capacité des saumons sauvages à survivre dans leur habitat naturel).

Elevage ou industrie ?
En 2024, 58 millions de saumons d’élevage sont morts dans les fermes norvégiennes, victimes de stress, d’infections ou des traitements contre les poux de mer. Ces parasites rongent littéralement la peau des poissons entassés par centaines de milliers dans des cages. Esther Dufaure, cofondatrice de l’ONG Seastemik, explique l’ampleur de la promiscuité : "À la base, les saumons sont capables de parcourir 3000 à 10 000 kilomètres, et donc là, on les réduit à tourner en rond pendant deux ans". Le taux de mortalité atteint des niveaux alarmants : "dans les élevages de saumon, le taux de mortalité est de 16%, un élevage de porcs ou de bovins, en France, c’est 4% ! " poursuit la cofondatrice de l’ONG Seastemik
Tous les chiffres et les graphiques sont sur pinkbombs.org.
Risques sanitaires.
Le journaliste Maxime Carsel, révèle une réalité encore plus troublante : "Les poissons arrivent et sont morts avant même d’être abattus", une pratique qui questionne profondément la qualité sanitaire du produit.
Conséquences écologiques et sociales.
Pour nourrir les saumons qui sont carnivores, on pêche massivement des petits poissons – sardines, sardinelles, anchois – qui constituent la base alimentaire de millions de personnes. Esther Dufaure : "Ce que pêche la Norvège en volume permettrait de nourrir 2,5 millions à 4 millions de personnes", soit l’équivalent de la population de la Gambie ou du Gabon. "On enlève vraiment le pain à la bouche des populations d’Afrique de l’Ouest".
Une solution : réduire la consommation.
Les labels bio et rouge n’offrent aucune garantie, bien au contraire. Esther Dufaure alerte : "Le saumon est carnivore. Les poissons élevés en bio, mangent plus de petits poissons dans lesquels il y a plus de contaminants". Même la truite française, souvent perçue comme alternative, pose un problème car "son alimentation n’a rien de locale. Elle vient du Brésil, vient d’Afrique de l’Ouest, vient du Pérou, vient du Chili". Esther Dufaure ce que l’on doit faire : "diviser par trois la consommation de poissons des Français".
Sources : France Inter, La Terre au Carré, Pinkbombs, Seastemik.